Et si on se préparait… ensemble !


C’est systématique. A chaque fois que je parle de changement climatique et d’effondrement de la biodiversité lors de repas, apéros et autres rencontres avec des membres de ma famille, des amis ou connaissances, je “lutte” un peu pour exposer mes idées. La convivialité du moment ne m’aide pas (un verre de trop ?!) et la gravité du sujet m’interdit de m’étaler pour ne pas plomber l’ambiance (si si, je me freine !). J’aimerais donc ici poser quelques réflexions.

Le mythe de “la technologie va nous sauver” #

Je vous vois déjà venir: “Non mais Peio, tu n’as écrit que quelques lignes et tu t’énerves déjà !” 😜… Ouais… mais bon, faut quand même arrêter de balancer de grosses conneries aussi. Il y a des experts auto-proclamés partout sur les plateaux de télé, tout autant que de sélectionneurs de football dans les PMU. J’essaie plutôt de me positionner dans la catégorie des ignorants qui se soignent, c’est-à-dire des apprenants.

Je vais la faire courte mais à celles et ceux qui croient que la technologie et l’inventivité humaine vont nous sauver de ce péril imminent, je leur dis: vous êtes dans la croyance et les croyances ça suffit car le sujet est trop grave. Les faits scientifiques sont têtus.

Prenez quelques éléments factuels :

  • l'étude des systèmes dynamiques dit: “tout système qui croit de manière continue dans un environnement fini est amené à s’effondrer”. C'est de la physique. Imparable sauf si vous êtes un fan de Trump capable de remettre en cause les théories d’Einstein entre deux burgers.

  • les phénomènes terrestres déclenchés par le réchauffement climatique sont d’une inertie telle qu’il faudrait un quasi arrêt complet de l’activité humaine comme lors du premier confinement covid-19, en plus ET tous les ans, pour qu’on puisse simplement espérer atténuer réellement l’impact.

  • la production nécessaire à la “croissance verte” est totalement dépendante du pétrole. Pour produire des éoliennes ? Faut du pétrole. Pour produire des panneaux photo-voltaïques ? Faut du pétrole. Pour produire des voitures électriques ? Pareil. Pour produire de l’hydrogène ? Pareil. TOUT est pétrole car c’est la source d’énergie la plus concentrée au monde. Et le pétrole, ça produit du CO2.

  • Il nous reste moins de 10 ans pour éviter d’activer d’autres boucles de rétroaction gravissimes et inarrêtables à l’échelle humaine (à part si vous pensez être là dans 10 000 ans).

  • Jamais l’Homme n’a effectué de transition énergétique dans son histoire. Il a juste empilé les ressources d’énergies les unes sur les autres pour en avoir toujours plus.

Je m’arrête là car la liste est malheureusement trop longue. Je considère (et suis loin d’être le seul) que le terme de “croissance verte” est une escroquerie. On ne peut pas croître, encore, toujours, tous et partout, sur une planète déjà très mal en point en utilisant les dernières cartouches de pétrole qui nous restent… sinon à empirer les phénomènes en cours et à précipiter la chute.

La technologie ne nous sauvera donc pas cette fois-ci. Nous n’avons plus de temps pour croire à ces conneries.

Le changement climatique est inéluctable et il est déjà là. Le carbone dans l’atmosphère y reste pour des siècles, nous subissons aujourd’hui les effets du CO2 émis il y a 40 ans. Imaginez donc ce qu’on va subir dans les années à venir… Il faut s’enlever de la tête que ce problème va être résolu par la science. On arrête (mais vraiment hein ?!) de se mentir et de s’accrocher à la parfaite illusion que nous vivrons comme nos parents, dans l’ultra-confort matériel et la prospérité du monde occidental de nos si chers “Boomers”. J’encourage celles et ceux qui sont dans le déni et qui se disent: “on va bien trouver une solution” à ouvrir les yeux et à se documenter. Car un des grands enjeux pour limiter la casse, c’est que les gens soient au courant. Qu’ils regardent, bien informés, le danger en face et qu’ils agissent en conséquence. Nous sommes tous de grands donneurs de leçons pour nos enfants: “As-tu fait des devoirs ?”, “C’est important pour ton avenir”, “Tu verras quand tu seras grand”, “blablabla…” mais NOUS ? Avons-nous fait notre travail d’apprentissage sur le plus grand péril qui menace directement notre avenir et celui de nos enfants ? Ma cervelle ne comprend toujours pas comment des parents aimants soient autant dans le déni. Ils vont vivre le chaos climatique avec leurs petits-amours mais ne s’en soucient pas… Inconcevable. (…pour ma petite tête tout du moins)

Du concret donc pour apprendre :

  • L’exposé de Valérie Masson-Delmotte (à la Convention Citoyenne Pour le Climat) qui a mis littéralement une claque à tou.te.s les participant.e.s (je vous ai calé la vidéo sur le début de son intervention) : ici

  • ❤️ Un très gros coup de coeur (Merci Rachel, ma jolie mère Noël): la BD "Le Monde Sans Fin" chez Dargaud.

  • Les cours de Jean-Marc Jancovici, un des plus grands experts français sur le changement climatique: ici. Laissez-vous embarquer par le cours n°1 sur l’énergie… absolument limpide.

Remarque en passant: il est assez frappant qu’une majorité de celles et ceux avec qui je parle et qui ne se laissent pas embarquer dans la croyance en une “croissance verte” sont souvent de formation scientifique. Au contact de la science au quotidien, elles/ils savent pertinemment que les avancées et découvertes ne seront pas au rendez-vous à temps cette fois-ci.

Mais alors, si “tout est joué”, on ne fait rien !? #

Et bien non, au contraire! Car tout n’est pas joué. Autant certains grands mécanismes dévastateurs sont enclenchés et il va falloir faire avec, autant chaque dixième de degré compte. Et ceux-là, il va falloir aller les chercher avec les dents car ils feront la différences entre un monde soutenable et un monde invivable demain. (Rappel pour que ce soit bien clair: "demain" = quand nos enfants auront notre âge)

Maintenant écartée l’idée farfelue de la possibilité d’éviter les conséquences du changement climatique, j’en viens donc au cœur de cet article: “Et si on se préparait…” . Je me suis souvent trouvé démuni, surtout au début de ma prise de conscience, face à mon angoisse pour demain. Comment et pourquoi lutter ? Conscient d’être une minuscule goutte d’eau, le sentiment d’impuissance a rongé mes nuits et j’ai souvent posé un regard triste et perdu sur mes enfants. Mais avec le temps, j’ai appris. Ce qui me soigne désormais, au quotidien, malgré certaines nuits agitées, c’est de construire un chemin concret de transformation et de préparation pour celles et ceux qui me sont chers.

Et c’est là fondamental. Construire un nouvel horizon, un nouvel imaginaire. Pas un rêve de “bisounours” sur une planète aux ressources infinies et au climat clément mais un futur - espérons-le - heureux dans un monde aux contextes climatique, géopolitique, alimentaire, etc… extrêmement difficiles.

En terre de Béarn, je me prépare avec mes enfants, ma famille et amis. Mais avant de rentrer dans le concret, besoin de vous partager quelques réflexions.

Quelques réflexions #

Tout d’abord et en vrac, quelques éléments fondamentaux pour comprendre le chemin qui me parle, celui qui m’inspire.

Un système distribué #

Nous l’avons bien vu avec la crise en cours du covid-19, notre système mondial est ultra fragile car totalement interdépendant. Le moindre pépin à un bout de la planète se répercute immédiatement chez nous. On a hyper-spécialisé les pays et si celui qui produit la majorité de tel produit a des soucis, alors c’est tout l’ensemble qui vacille. Dans le domaine de l’informatique, on appelle ça le “point de défaillance unique” et on a compris qu’un seul gros serveur hébergeant toutes les données, c’était sacrément dangereux et hyper-fragile face au risque de panne. La tendance massive a alors été de déployer les services sur de multiples petits serveurs distribués aux quatre coins de la planète. Un de ces serveurs en panne ? Rien de trop grave, les autres prennent le relais.

La même distribution des savoir-faire sur le territoire peut permettre une meilleure résilience. Plus de spécialiste unique mais plutôt des communautés pluridisciplinaires qui assurent tous les besoins vitaux comme la santé, l’alimentation, l’énergie.

Le municipalisme libertaire m’inspire beaucoup car il met le citoyen au cœur de l’organisation et de la prise de décision au sein de communautés distribuées sur le territoire. Loin d’être une utopie délirante, il va assez loin dans sa conception du fonctionnement d’une communauté humaine (assemblées citoyennes) et des interactions entre communautés (nécessaires pour les projets de plus grande envergure)

L’entraide #

Face à ce qui se profile, j’ai la conviction que l’entraide sera la clé. Ce n’est pas une croyance mais une réflexion suite à de multiples lectures (et notamment “L’entraide, l’autre loi de la jungle” ou “L’entraide, un facteur de l’évolution”). Une communauté de vie bien soudée, aux liens multiples sera bien plus à même d’affronter les aléas de tout ordre (climatique, alimentaire, etc…). Nous l’avons tous vécu pendant le confinement du printemps 2020: ce qui fonctionne ce sont des gens qui s’entraident, qui cousent des masques, qui se préparent des repas. Sur ce thème, nous avons beaucoup à -apprendre.

Nous avons été élevés et éduqués sur le modèle de la compétition dès notre plus jeune âge: le chacun pour soi. Mais, à n’en pas douter, celui qui marchera seul ne marchera pas longtemps 😅. Il va donc falloir apprendre à collaborer, faire des compromis, échanger, pour être plus forts ensemble.

Il y a un domaine qui peut énormément nous aider sur le plan de l’entraide: c’est le monde paysan. Malgré le modèle productiviste vers lequel on a poussé nos agriculteurs, les paysans ont conservé de façon très vivace le goût de l’entraide. Au delà de la mutualisation du matériel (via les CUMA), se donner un coup de main pour la moisson ou la réparation d’une machine, c’est leur quotidien. Je pense que ce sera ce genre d’interaction qu’il faudra travailler. S’entraider pour faire face.

Ah au fait !!! J’ai une excellente nouvelle pour la majorité de la population et notamment les plus fragiles d’entre nous: le lien, le vrai, le sincère, c’est le propre du petit et pas du puissant ! Les vraies relations, celles qui ne sont pas basées sur l’argent, sont celles qui tiennent face aux chocs. Lorsque des événements violents s’enchaineront (cf. Mon petit guide sur l’effondrement), la classe des puissants se poignardera dans le dos car son modèle de référence c’est la compétition absolue. De notre côté, si nous y travaillons, nous serons plus à même de nous tendre la main. J’ai bien dit “si nous y travaillons” car immédiatement après l’état de sidération suite à de fortes secousses qui conduit généralement l’être humain à aider sans calcul son semblable, il faudra apprendre à continuer cet effort. Faute de quoi… la barbarie et le chaos.

Le plus important ? Le temps !!! #

Du temps… pour changer #

Apprendre à collaborer, à partager, changer ses habitudes, apprendre de nouveaux savoir-faire, etc… ? Que de choses à faire ! Ce que je voudrais souligner ici, c’est que ces changements prennent beaucoup de temps à mettre en place.

  • Vous voulez démarrer un petit jardin potager ? Définir l’endroit, trouver les plants, préparer la terre, trouver du fumier, s’outiller, apprendre l’enchaînement et la compatibilité des cultures, discuter avec son voisin jardinier, etc… Sa mise en place prend du temps, son entretien aussi bien évidemment.

  • Vous voulez modifier votre mode de transport ? Perdu au début, la construction d’un nouveau planning se fera petit à petit.

  • Vous voulez carrément quitter une ville et vous rapprocher de la nature ? Très belle ambition qui pourra prendre… des années !

Ce temps à consacrer pour changer est pour moi un des points cruciaux: il est bien plus facile de faire des petits pas dès à présent qu’un grand pas lorsqu’on sera dos au mur.

Du temps… pour absorber #

Certainement le plus dur. Et c’est finalement, ce que je ne comprends pas bien dans la logique de certaines personnes aujourd’hui. On ne peut y échapper: chaque nouvelle “climatique” entendue à la radio, à la TV, lue/vue sur le web est totalement alarmante. Face à un tel danger si imminent, le bon sens voudrait qu’on s’y penche avec intérêt. Mais non. Le déni. Ou le désintérêt (cf. le syndrome de la référence changeante, qui dit, en substance que: “chaque génération oublie que l’état de la nature qu’elle considère normal est déjà dégradé par rapport aux générations précédentes, ce qui avait comme conséquence d’empêcher une prise de conscience globale”). Par exemple: impensable au début de sa mise en place, l’approvisionnement de certains départements en eau potable par camions citernes est maintenant totalement assimilé par la population. On “trouve ça normal”… de ne plus trouver d’eau à boire dans son département !

Je pense sincèrement qu’absorber l’impact psychologique de ces nouvelles angoissantes de façon volontaire et documentée est salutaire. Toujours la même philosophie du “petit à petit” plutôt que “tout d’un seul coup”. On s’habitue alors à ces mauvaises nouvelles car on sait, on a appris. Comme avec une maladie incurable, on apprend à vivre avec et au bout d’un moment, on cohabite. L’impact psychologique est non négligeable: le temps est alors un allié précieux mais ne peut faire entièrement son travail d’apaisement que si la prise de conscience est précoce.

Lorsqu'on parle des limites terrestres que l'humanité dépasse allègrement depuis des décennies, on voit émerger des exponentielles dont la compréhension n'est pas naturelle chez l'homme qui préfère le linéaire. Il y a ainsi l'exponentielle de l'effondrement de la biodiversité, de la pollution, etc... Je pense qu'il existe aussi l'exponentielle de prise de conscience du changement climatique inéluctable. La quantité de personnes conscientes progresse lentement au début, puis tout s'accélère. Je redoute et j'espère à la fois le moment où une partie significative de la population aura compris. Je redoute car ça pourrait précipiter un crash psychologique planétaire où tout le monde se mettrait à courir "comme des rats empoisonnés", un peu comme dans le film Don't Look Up - Déni cosmique (belle allégorie que je conseille vivement). Mais cette exponentielle me donne aussi beaucoup d'espoir: si elle est assez rapide, si la population prend conscience en masse rapidement, l'Humanité pourrait prendre le plus grand virage (et bien serré !) de toute l'Histoire en bâtissant une société durable basée sur la sobriété (et en dégageant donc le capitalisme et sa société de consommation, on est bien d'accord)

Du temps… pour la pleine conscience #

Faire face aux annonces à venir, les yeux grand ouverts est donc pour moi fondamental ; le danger étant de sombrer psychologiquement et c’est peut-être ce que redoutent les personnes qui détournent le regard. Une des solutions “adoucissantes” pour vivre avec, est d’organiser son apprentissage. Bien se connaître et programmer des temps de pause émotionnelle qui viennent apaiser, faire lâcher prise. Car le sujet est prenant et difficile.

Un soir, je me tape un documentaire difficile et le lendemain un bon bouquin de fiction pour relâcher. Mieux: un moment en plein air, en famille. Apprécier en pleine conscience les bonheurs simples: voir grandir la complicité entre grands-parents et petits enfants, un bon pique-nique au bord d’un ruisseau entre amis, etc…

Les matins deviennent plus beaux, les couchers de soleil plus intenses. Le temps présent n’est pas avalé mais dégusté, consciemment.

A chacun.e son rythme #

Ouvrir les yeux sur les données réelles et les analyses documentées sur le changement climatique secoue. Fort. Et je le répète faute d’avoir été clair jusqu’ici: je pense sincèrement qu’ouvrir les yeux est bien meilleur pour notre bien-être et celui de nos enfants que de regarder ailleurs.

Cependant, il est crucial que chacun.e avance à son rythme. Et c’est là un point très délicat. L’Homme est un être social, connecté aux autres et en premier lieu à sa famille. Comment concilier l’avancement intellectuel si personnel sur ce genre de sujet et la vie d’une famille avec ses individus aux caractères et âges si différents ? Pas facile. Le/la plus conscientisé.e devra y aller “tout doux” et laisser venir le sujet. Ce que j’ai compris c’est que, finalement, la répétition des événements climatiques exceptionnels, les annonces médiatiques brutales sur la dégringolade de la biodiversité, l’état des océans, etc... étaient bien plus persuasifs que de longues discussions familiales autour du repas du soir.

Ce n'est pas facile tous les jours. Acheter ça, tenir sur ça... Etc... Délicat et un peu casse-gueule quand on bouillonne intérieurement et qu'on a envie de crier.

A chacun.e son rythme donc mais il me semble salutaire de prendre le sujet à bras le corps pour trouver un chemin de “transition” acceptable pour celles et ceux qui nous sont chers. (Article intéressant: Psychologie et Climat)

Se préparer #

“T’es sympa Peio avec tes tirades à n’en plus finir mais concrètement ?”

Enfin nous y sommes.

A toutes celles et ceux qui sont perdus devant la catastrophe à venir, voici mon chemin. Cette partie est très personnelle.

Voici mes étapes:

  • Tout d’abord, se documenter un minimum sur ce qui est en train de se passer sur le plan du climat mondial et de la biodiversité (6ème extinction de masse en cours). Attention à bien recouper les sources et à suivre de vrais scientifiques ou vulgarisateurs crédibles. Je vous conseille BonPote (ici son facebook).
  • A partir des conséquences présentées par les scientifiques, établir “une hiérarchie des préférences” et établir “une vision”. J’expliquerai ces notions ci-après.
  • Se mettre en action. La conséquence de la mise en action étant, rapidement, l’apaisement intérieur.
  • Ouf !

La “hiérarchie des préférences” et la “vision” #

Je passe mon tour sur le point n°1 (se documenter). Vous l’aurez compris, ce sont des sujets cruciaux que je suis de très près.

Une fois que vous aurez digéré les informations, vous allez commencer à analyser votre situation personnelle, celle de votre entourage, de la commune dans laquelle vous vivez. La suite naturelle de ce petit bouillon de cervelle vous conduira à analyser les fragilités de ces différents cercles sociaux.

Selon votre tempérament, vos craintes intimes, votre histoire personnelle, vous élaborerez à partir de ces fragilités une liste des priorités. Les choses à faire, absolument. Tout de suite, sans attendre. D’autres, moins critiques, etc... Je ne me souviens plus de qui elle vient mais j’aime beaucoup cette expression: La “hiérarchie des préférences”. Notion très personnelle au départ. Ensuite, il s’agit de la partager, sans heurt, avec nos êtres chers. Construire de manière très positive un avenir désirable commun avec une feuille de route claire listant les choses à faire.

Et là, vous vous dites: “Non mais je vais pas imprimer ma liste de choses à faire et la consulter tous les matins, scotchée sur le frigo !!!”. Et vous aurez raison car ce qui va émerger assez vite c’est la “vision”. Au fond, vos idées, vos priorités auront très certainement une logique, un socle commun. A force de penser votre projet et d’en discuter, vous affinerez et finirez par trouver une phrase, quelques mots précis qui décriront avec force votre chemin. Ce que vous voulez faire ou atteindre.

Me concernant, c’est une fois que la vision a émergé, que j’ai trouvé l’apaisement.

Je connais mon idéal désormais. Et j’ai construit un chemin pour l’atteindre. Il n’y a plus qu’à le suivre (et l’adapter car les bifurcations seront nombreuses à n’en pas douter)

Mon cas personnel #

J’ai une chance de dingo. Je vis dans un fabuleux village au pied des Pyrénées et je considère que c’est l’endroit qui me convient le mieux pour affronter ce qui arrive et construire mon avenir désirable.

Parmi tous les risques à venir, celui qui me secoue le plus profondément, intimement, c’est celui de l’alimentation. Je suis persuadé, qu’à court terme - oui, j’ai bien dit à court terme - l’Europe connaitra des problèmes d’approvisionnements alimentaires sérieux. Aussi, tout naturellement, je me mets en action pour produire des cultures vivrières.

Deux petits liens sympas:

Le problème connexe est évidemment l’approvisionnement en eau et les épisodes de sécheresse désormais annuels qui s’intensifieront. La récupération d’eau de pluie me paraît donc tout aussi importante.

Tout de suite après ces deux sujets primordiaux pour moi, vient la crainte pour la biodiversité (les deux sujets alimentation-biodiversité sont d’ailleurs très liés, et plus généralement, tous les sujets sont interconnectés). Je suis très touché par ce que nous, êtres humains, infligeons aux autres humains mais aussi aux autres espèces (flore et faune). Aussi, je compte modestement contribuer à créer un "point d'accuponture pour la Nature" comme le dit si joliment Charles Hervé-Gruyer de la ferme du Bec Hellouin (dont je conseille vivement les trois volumes de "Vivre avec la Terre").

Je me prépare donc. Que dis-je, nous nous préparons !

Ma vision ? La voilà:

Je rêve d'un lieu préservé, recentré sur la nature et sa biodiversité. Un endroit où cohabiteront l'agriculture paysanne, la culture et l'identité d'ici. Un bout de terre fait de convivialité, de rêve et de musique où ma famille partagera avec bonheur le boire et le manger avec les amis et ceux qui seront en difficulté.

C'est ainsi que j'aimerais vivre heureux. Y arriverais-je ? Aucune idée. Mais chaque pas sur ce chemin m'apaise.

Un dessin plus que mille mots (réalisé en concertation avec mes enfants):

Des propositions #

Ce qui suit va vous sembler "radical". Ce sont des convictions très personnelles... mais ce blog étant perso... je me permets donc !

  • Vous vivez dans une grande ville ? ... un seul mot me vient: fuyez !. Sérieusement, ce type de structure est trop fragile et les échéances sont dures pour transformer ces espaces bétonnés ultra dépendants du pétrole. Je considère déjà ces lieux hostiles alors lorsque les premières secousses arriveront, ce sera rapidement l'enfer.

  • Vous vivez dans une petite ville ? Là c'est déjà mieux. Travailler les relations entre voisins bien entendu. Et pourquoi pas, aller aider un maraîcher ? Créez votre réseau dans tous les domaines, clairement indépendant des circuits traditionnels (grande distribution) et les plus low-tech possibles.

  • Vous vivez à la campagne ? Produisez ! Pas de jardin ? Allez aider ceux qui ont des terres, ils ont souvent besoins de bras. Consacrez du temps à améliorer la résilience de votre village.

Conclusion #

J’aimerais juste conclure par un échange avec mon ami Diego qui m’est très cher. D'origine aragonaise, il a décidé de revenir du côté "plus vert" des Pyrénées avec sa jolie petite famille (C'est donc le premier "déplacé climatique conscient" que je connais). Papa de deux enfants de 5 et 8 ans, il n'ose ouvrir totalement les yeux sur ce qui arrive.

Je ne me sens pas prêt
J’ai peur
Surtout si je n’ai pas une solution en face
J’ai peur de trop paniquer et prendre des décisions précipitées…

La seule chose que je peux te garantir: plus tu te documentes et tu prends le problème à bras le corps, plus tes nuits sont calmes et apaisées car tu sais.
Tu sais où tu dois aller.
Tu construis un nouvel avenir.
Et tu arrêtes de paniquer à chaque mauvaise nouvelle.
Tu sais et tu fais.

Prenez soin de vous, préparez-vous, préparons-nous ensemble.